Ben Brik: Once upon a revolution
The veteran Tunisian dissident and journalist Taoufik ben Brik, writing in Courier International:
En Tunisie, comme partout, un tyran peut en cacher un autre. Mohamed Ghannouchi, le Premier ministre de Ben Ali et Fouad Mebazaa, le président d'un Parlement – non élu – et bras droit de Ben Ali se relaient sur une présidence vacante. Le changement sans le changement. On a coupé la tête du canard, mais le corps bouge encore. Ben Ali s’est éclipsé, mais il a laissé derrière lui son système qui repose sur les PPP. Ici, tout repose sur le karakouz, le théâtre d’ombres turc. Et on sait bien qui, désormais, est le marionnettiste qui manipule le karakouz, la marionnette. Nul n’est dupe. Le pouvoir est toujours entre les mains des anciens caciques de Ben Ali. "Un bain de sang ne les ferait pas reculer", c’est l’avis général. La police, le RCD (Rassemblement constitutionnel démocratique), le parti au pouvoir et la pègre ne vont pas lâcher prise facilement. Ce ne sont pas une association de charité.
La Tunisie du "miracle économique" s'est pris le pied dans le tapis, l’économie de la débrouillardise a montré là son vrai visage, le visage d’une machine sans conducteur. Une économie sans but, sans pilote dans l’avion, un avion qui s’écrase et qui s’appelle Tunisie. Et qui s’écrase sur qui ? Sur les Tunisiens eux-mêmes. On a vu, à Sidi Bouzid, à Kasserine, à Jendouba, à Gafsa, à Medenine, la ruine s’installer, le chômage s’étendre. Nul parmi les Etats, européens, partenaires de la Tunisie, n’avait prévu cet effondrement foudroyant. Qui peut donc honnêtement prévoir les conséquences de cette révolution inachevée… ou confisquée. Un soulèvement comme on aimerait en avoir le plus souvent. Un horrible dictateur chassé par un peuple vaillant. C’est déjà ça!My translation:In Tunisia, as elsewhere, a tyrant can hide another. Mohamed Ghannouchi, Ben Ali's prime minister, and Fouad Mebazaa, the speaker of parliament (unelected) and right hand of Ben Ali have taken over a vacant presidency. Change without change. We've cut off the duck's head, but the body continues to move. Ben Ali ran off, but left behind a whole system that relies on three Ps: Police, Profiteers and Party. Here, everything depends on the karakouz, the Turkish shadow puppet theater. And we know all too well who is puppeteer and who is puppet. No one is fooled. Power is still in the hands of Ben Ali's old stalwarts. "A bloodbath would not make them back down" is the general opinion. The police, the ruling RCD party and the profiteers won't let go that easily. They are not a charity.The Tunisia of the "economic miracle" caught its foot in the carpet, the parallel economy has shown its true face — the face of a vehicle without a driver. An economy without goal, with no pilot in the cockpit of a crashing plane whose name is Tunisia. And that is crashing on whom? On the Tunisians themselves. We have seen, in Sidi Bouzid, in Kasserine, in Jendouba, in Gafsa, in Medenine, destitution install itself, unemployment spread. No state among Tunisia's partners, the Europeans, had predicted this lighting collapse. Who can then honestly predict the consequences of this unfinished — or perhaps stolen — revolution. An uprising of the sort we would like to see more often. A horrible dictator chase by a valorous people. That's already something!
I have no idea whether what Ben Brik says is representative of popular opinion in Tunisia, but it's a pretty clear explanation of the state of play at the moment: the guys in charge are ancien regime, will they deliver the revolution or hijack it?